dimanche 16 mai 2010

Corse - Hongrie 2010 : jour 6
















Ce matin, nous alternons entre la mise au point de la nav' retour et une dernière séance piscine puis nous préparons les deux ULM au voyage retour.















Très vieux Mig, attention aux guêpes...

Pour la nav', en plus de nos GPS de secours, nous utilisons l'excellent logiciel Navi.















Les clés de la chambre d'hôtel, trop la classe !

 
En prenant en photo la carte Jeppsen de la Croatie et Slovénie, nous arrivons à les importer dans le logiciel avec une définition suffisante pour les lire en vol (nous n'avons qu'une carte papier pour deux). Donc, c'est l'heure de gloire de Navi, merci Pierre !















Après consultation des AIP de Croatie et Slovènie, nous optons pour ce dernier pays car moins contraignant pour les papiers puisque nous sommes restons dans l'espace Schengen, donc sans formalités de douanes.














Cockpit d'un DA-42


Nous sommes assistés dans la préparation par Lajos Attila et un autre pilote de DA42 avec qui nous venons de sympathiser. Ils passent un coup de fil aux militaires locaux pour connaître la meilleure procédure a adopter en fonction de l'exercice : 500ft sol, transpondeur sur ON, décollage après 15h.

La météo pour les jours à venir va être un réel souci et nous devrons procéder par sauts de puces, dixit nos amis de la station météo de Figari.
















Après déjeuner, nous sortons les deux ULM des hangars. Le pilote de DA42 (pour ceux qui ne connaissent pas, c'est un avion bimoteur dernier cri) nous propose avec grande insistance de faire un plan de vol pour rejoindre Balatonkeresztur : « en Hongrie, si vous avez un problème sous plan de vol, les secours sont gratuits, sinon ils seront payant, voulez-vous un plan de vol ? Il suffit de 2mn »

« Non, vraiment merci, mais non. Nous pensons que pour des ULM c'est mieux de ne pas en avoir juste pour cette nav' de 2h, cela va nous compliquer les choses » C'est le bon choix... 

On leur fait téléphoner à destination : «orages au sud, pluie, visibilité faible »

















Nous décidons néanmoins de décoller comme prévu à 15h. La Hongrie permet les posés de sécurité en cours de route (les champs) et nous avons quelques bases de dégagement sur la route.







Nous sortons au plus vite de la zone militaire d'entraînement (inactive) en survolant le parc naturel.














 












Devant nous au cours de la nav' nous voyons passer de notre gauche vers la droite un cumulonimbus qui se dirige vers le nord, nous laissant l'espoir de passer sans problème vers le lac Balaton et l'aérodrome où nous sommes attendus.




















L'horizon semble peu avenant...




















 Vraiment pas splendide le temps... tiens, les nuages grattent le sol...  zuuutttttt !
















Et puis ils sont de plus en plus bas...aaarghhhh !

A 40km de notre destination, il faut nous rendre à l'évidence la barrière nuageuse est infranchissable.

Après mise au point commune par VHF, nous entrons un court instant dans les premiers nuages « pour voir » et justement « nous ne voyons rien ». Cap inverse immédiat ! Trouver une solution de secours. A moins de retourner longtemps en arrière, et risquer de trouver la malsaine activité orageuse, il n'y a pas de plan B vers un autre aérodrome à proximité.

Donc, tout autour de nous ou presque (on pourrait prendre le cap inverse), une épaisse couche nuageuse est formée et ne semble pas offrir d'alternative pour rejoindre Balatonkeresztur.
Il n'y a pas d'alerte particulière pour se vacher (vacher : atterrir dans un champ improvisé) immédiatement mais il faut nous poser pour que le temps change, en quelques heures, peut-être...

Après un retour en arrière durant minutes, nous retrouvons une zone sécurisante malgré les ondulations des terrains.
Hésitations collective sur le choix de la parcelle : « le chemin là ? et ce champ ? et ça en-dessous ? le vent va poser problème ? les arbres ? les lignes électriques ? la clôture ? ahhh, tiens celui-là ! »

Alain fait un passage bas de contrôle, correct, Patrice pose et valide.
Il est 16h30, le team corse est vaché en Hongrie !



















Nous voilà bien. Le champ est potable même si le sol est irrégulier, nous sommes entre deux villages éloignés, dans une agricole zone vallonnée, sur une parcelle de passage de tracteurs délimitée à l'ouest par une clôture et par l'est par une rangée d'arbres.
Et scandale, pire que tout, pas de connexion Wi-Fi à la tour de contrôle !!!























Campagne Aéro-Tower

 

Pour la petite histoire, Alain avait gardé -hélas- son transpondeur allumé jusqu'en finale (puisque nous étions en zone militaire une partie du parcours). Nous espérons que les secours gratuits-payants ne viendrons pas se mêler de notre escapade agricole. C'est inquiétant un signal qui disparaît en campagne par temps pourri...
Dans ce cas précis, la sécurité ne vient pas dans les contacts radio avec Budapest Info mais plutôt dans la capacité de nos machines à pouvoir poser en sécurité dans des petits terrains occasionnels. Parfois, cela peut être l'inverse aussi et nous savons que nous pourrions compter sur eux.
(Il serait, dans notre cas très particulier, quasiment impossible de leur expliquer que nous décidons de nous poser ici, et que c'est la meilleure solution.)


Bien, maintenant il pleut... On bâche les engins, on réfléchit... On s'habille plus chaudement, le sale temps a bien refroidit atmosphère et le petit vent n'arrange rien. Crotte, zut et flûte, on va passer la nuit là... Nous cherchons de suite un endroit pour planter les tentes, à l'abri du vent et de la pluie mais les irrégularités du sol nous laissent bientôt penser qu'il serait mieux de dormir assis sur nos sièges d'ULM...
Nous parcourons ensuite le champ voisin pour prendre de la hauteur et voir les changements des conditions de visibilité. Pas terrible...

On discute le plan B avec nos cartes aéro. La décision de se poser était la bonne, nous devons maintenant continuer à prendre la meilleure initiative possible, pour notre sécurité d'abord, puis ensuite pour la poursuite du voyage.

Nous patientons en blaguant sur tout et rien pour tuer le temps. Heureusement que nous nous entendons bien, car c'est tout à fait le genre de plan galère qui pourrait déboucher sur une engueulade au beau milieu de nulle part. Nous prenons toujours une décision négociée.


Nous allons risquer une seconde tentative avant qu'il soit trop tard dans la journée, quitte à revenir nous poser ici. Patiemment, la piste d'envol est analysée cailloux par cailloux durant de longues minutes, l'axe idéal, l'endroit de la mise de gaz, le point de décision maximum en cas de non-décollage, etc...
















18h00. Machines chauffées et alignées, avec espoir.

Patrice décolle en premier et fait part de suite de la situation : «Alain, c'est toujours bouché ! Je ne sais pas quoi te dire de plus...». Alain décolle ensuite et constate hélas que, effectivement, rien n'a vraiment changé.

Plan B activé en VHF. Nous convenons de repartir vers le nord et tenter de s'approcher d'un aéroport désaffecté. Le plafond est bas et nous avons un vent variable qui nous bouscule par moment, derrière les petits reliefs.
Cet objectif atteint, nous déroutons vers une autre base. Le but est de rejoindre ainsi le nord du lac puis longer en côtier vers le sud jusqu'à la piste de destination.

Deuxième base atteinte, la visibilité ne va pas en s'améliorant mais nous savons que la météo va peu évoluer, et nous avons encore la possibilité de faire demi-tour et revenir nous poser ici.

Une troisième base, puis le lac, enfin.














Le Lac Balaton en VFR spécial !


Nous restons en bordure et le plafond baisse de nouveau. La pluie fait son apparition. Au sol, qui est d'ailleurs assez proche, nous voyons les voitures qui ont allumé leurs phares à cause de la visibilité. Les essuies-glaces sont en route également !
On tente de localiser une avant-dernière base de secours. Introuvable.














Puis nous atteignons notre destination. Repérage? Seuls dans le circuit, tu m'étonnes ! Le vent est assez fort et nous complique l'atterrissage.
Nous sommes posés après 1 heure d'un vol délicat, mais bien terminé car réalisé en équipe.

Pluie, visibilité, vent, rien ne nous a été épargné. De plus, la température a fortement baissé depuis les 27°C d'hier après-midi à Budapest.






Nous sommes accueillis par Josef, responsable de la base. Agé de 75 ans, il tient la plate-forme active depuis de nombreuses années.














 Il nous convie a rentrer les machines dans son hangar avant l'averse puis nous offre un bon café dans le club-house où il a, juste pour nous, remis le poêle à bois en fonction. Douce et agréable chaleur après ces humides émotions ! Dehors, il pleut...

Par la même occasion, nous allons prendre du carburant. Patrice test ses réservoirs souples pour la première fois. Un robinet mal fermé nous joue des tours, on en répand plein à côté !

Nous organisons ensuite notre hébergement, toujours grâce à Jozeph, dans le B&B voisin. Trop facile, c'est à 200m de la base.


















Nous sommes reçus avec un vrai sens de l'hospitalité, mode familial. Jozef vient passer la soirée avec nous.

Le père de famille du B&B est aidé de son fils Ban et de sa belle-fille Nickie pour la préparation du repas. Il nous offre un petit verre d'apéritif pour fêter notre arrivée ! Petit verre mais, la vache !!, contenu costaud...

Nous passerons une excellente soirée, dans 5 langues : hongrois, allemand, anglais, italien et français. Parfois dans la confusion, les réponses rapides se font dans une langue que l'interlocuteur ne comprend pas.

Ambiance festive ! Et quel régal !


















On rigole bien et nous passons vraiment un bon moment. Le petit apéritif doit aider un peu à la jovialité du team Corse... la fatigue arrive ensuite...

Maintenant, retournez voir la première photo de cette journée (celle de la carte) : vous comprendrez pourquoi il y a un crochet dans notre beau trait qui devait être tout droit !

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