vendredi 14 mai 2010

Corse - Hongrie 2010 : jour 8





















Nous nous réveillons très tôt à 06h00 et Aldo fait de même pour nous ouvrir les hangars. Le froid est piquant ce matin. La Slovénie, c'est un petit frigo au pied des Alpes !



















Si nous n'étions pas sur le départ, toujours à cause de cette fichue météo, Aldo nous aurait volontiers emmené à bord de son avion de voltige. Mais hélas, le timing de notre retour est suffisamment compliqué pour nous priver de ce plaisir.
Nous reviendrons, le coin est trop bien.
















La Slovénie n'est pas le plat pays hongrois. Nous avons quelques chaînes montagneuses à traverser avec au menu vent, pluie, plafond nuageux qui peuvent nous réserver des surprises.























Brrr, Patrice se gèle !



Au revoir Aldo et bons vols la tête en bas !















Aldo, le parking avec l'autogire, les hangars et, en face, le très recommandable hôtel-bar-restaurant

Notre vol débute à 08h30 et nous volons en direction de Celje pour un posé intermédiaire. Quelques reliefs mais pour le moment rien de notable a relever. On se fait bouger.


















Le deltaplane vu de l'autogire




































Celje est à droite, au pied des reliefs, après cette ville


L'approche sur cette piste sera la honteuse du voyage. Difficile de trouver la manche, difficile d'apercevoir sa direction. On change trois fois le sens du tour de piste en s'accordant tout à la fin : on ne voyait pas la même chose ! Fatigue ? Vent tournant ?

































Une fois posé, nous saluons l'équipe présente. Peu d'activité ce jour.  Au club-house, on demande les derniers METAR / TAF de Ljubljana, Portoroz et Gorizia (Italie) : volable mais pas superbe...





















Nous repartons après 45mn et deux sodas au bar.


















La difficulté hausse d'un cran ! Reliefs, vent, nuages. Une nav' peu évidente dont nous allons nous sortir peu glorieusement... et prématurément ! Mais prudemment, c'est l'essentiel.

En effet, la météo nous refait le coup du lac Balaton après une heure de vol. Il nous reste à peine 30 mn à faire lorsque une barrière nuageuse se dresse devant nous.
A droite, une sortie possible mais en pleine CTR de Ljubljana... C'est non.
A gauche, pareil mais dans une zone militaire qu'il nous a été fortement conseillé d'éviter. C'est non aussi.

















Sur cette photo, cela va encore... mais la situation ayant empirée ensuite... plus de temps pour les photos... !


Que faire ? Tout droit, c'est un cocktail trop dangereux avec un mélange de reliefs, de nuages, de vent de face, de topographie inconnue...
Il faudrait se poser. Et vite.
Nous n'avons pas ravitaillé depuis le lac Balaton, en Hongrie.
Nous avons volé 4h depuis.
Nos réservoirs sont bientôt vides.
On ne peut pas chercher des heures une solution.
On se donne 10mn.
On avance droit vers la barrière nuageuse.
Inquiets. Pas d'issue miraculeuse : c'est bouché de partout. Impossible de contourner.

Demi-tour approuvé, on doit se vacher sans tarder pour ne pas avoir besoin de carburant pour rallier Postojna.

Ici ? Là ? C'est plus délicat qu'en Hongrie... Pas loin d'un village. Pas trop proche non plus. Mais alors près d'une route.  Et à l'abri du vent.
Au pied d'un relief, il y a des champs. Sous le vent de ce relief, pas terrible mais il n'y pas mieux sous nos roues. Il faut penser à l'essence, l'essence qui nous fait voler. Alain en choisit un et tente un posé non sans appréhension. Pas super le terrain. On s'est perdu de vue avec Patrice sur la fin mais on est resté en contact radio. Patrice pose une fois le Tanarg retrouvé dans un champ.



















On sort les ULM de leur situation et nous les grimpons, à la poussette, sur une hauteur en lisière de forêt. A l'abri. Le vent souffle parfois en rafale en ramenant de petites averses.

Plan B, plan B... Il n'y a rien à faire de mieux qu'attendre.
Coup de fil à nos sauveurs météo en Corse. A la fin de journée, vous avez une chance !

Il est 11h30. Nous devons protéger les machines. Alain descend l'aile du pendulaire sur le trapèze pendant que Patrice place l'autogire derrière. Le team Corse version camouflage... On se fait discrets !




















Nous empruntons un chemin de randonnée pour rejoindre le village repéré avant l'atterrissage. On prend dans un sac à dos le bidon d'essence plié. En même temps, nous regardons d'où nous pourrions décoller plus loin.



















Alain, version randonneur






















Arrivé au village, visibles de loin comme deux touristes, nous faisons un passage de reconnaissance. Une petite visite de l'église, histoire de voir. Très joli !





















De la cérémonie au repos éternel... quelques mètres. Étrange impression...



















On repasse devant un distributeur de billet à côté d'un restaurant. Il nous faut de l'argent ! Ne sachant pas combien de temps va durer cette vache, nous décidons de retirer l'équivalent de 80€ en monnaie nationale. Tiptip, bip, tuuuut, dizitdizzzziittt...
Et nous voilà avec... 80€ ! Il fallait voir nos têtes...Bienvenue en zone euro ... Bravo les gars !























Très fiers et amusés de notre enième bêtise depuis le départ, c'est tout fiers que nous entrons à côté pour déjeuner.
La serveuse parle Slovène. Uniquement. Sympa, mais pas bilingue.
En mimant le boeuf et en grattant la plante verte sur la table, on arrive à se faire servir un steak-frites-salade et une pizza (pizza, c'est international!). Très bien.
On somnole après un excellent et peu onéreux repas. A côté de nous le bidon empeste l'essence.














- « Essence ? Loin ? Fuel for car ? »
-  10 km »
- « Oups.... »

Tant pis, on va faire avec.



Retour aux ULM. Il faut attendre, attendre... Il pleut légèrement et nous nous abritons sous le delta, au froid, le vent souffle un peu. Situation peu agréable, on fait avec. On parle de tout et rien, on parle plan C, plan D...

La pluie cesse. On continue de chercher par où décoller. Minutieusement. Nous plantons quelques tiges végétales afin de repérer les trous qui pourraient carrément arracher nos roues si nous passions dedans.















Voleur de carburant !

Au milieu de l'après-midi, nous remontons l'aile sur le pendulaire. On transfert du carburant du Tanarg à l'autogire pour se donner la même autonomie, mais notre marge de manœuvre sera réduite.
On va repartir pour une tentative vers Postojna.

17h00. Alignés. Décollage sous tension. Légère pente favorable. Herbes assez hautes. Champ peu régulier. Trous non repérés ? Ligne électrique à l'extrémité ! Sous le vent du relief. Rien n'est nominal et pourtant. En monoplace, avec notre rapport poids/puissance, nous ne devrions pas trop avoir de soucis.
















Mais pourquoi diable cela à l'air facile sur la photo alors que c'est loin d'être le cas... ?


















T'y vas ? J'y vais ?

GO, on envoie la sauce l'un après l'autre. L'herbe nous freine mais la pente nous a donné une bonne vitesse et nous nous regroupons en l'air un instant après. Goto Postojna.

Le temps s'est amélioré mais les nuages sont encore très nombreux créant une vraie barrière de faible visibilité. On économise l'essence au maximum.
Merci la CAA roumaine pour la galère de revenir dans le très mauvais temps !




L'horizon est encore bouché.















Incertitude.

Les reliefs et les splendides forêts se succèdent.















Le vent n'est pas gênant. Enfin, nous passons dans un trou de souris, le plafond s'est relevé de 500ft juste pour découvrir les quelques cols. Toujours short en carburant...

















Nous contournons encore une dernière zone militaire et arrivons à Postojna.
Atterrissage. Il nous restait environ 40mn de vol. Tout rentre dans l'ordre.







Encore une nuit dans un champ évitée de justesse.

Une famille balade sur la piste avec un buggy. On va voir au club-house si il y a quelqu'un.
Un instructeur planeur donne des cours théoriques. Voyant que nous sommes étrangers, il fait sortir tout le monde de la salle pour aller voir les « ultra-lights aircrafts » que Alain lui décrit.



















Chaque machine à son succès auprès. Il nous propose de l'attendre au bar-restaurant voisin pour nous accompagner en ville. Un élève nous donne ses coordonnées pour demain matin, si nous avons besoin.





















Le Tanarg plaît aux filles, l'autogire Ela aux mecs... Les pilotes, on ne sait pas !




















L'instructeur nous trouve dans l'intervalle une petite place pour les ULM dans le hangar planeur.























Une fois posé au bar, on se connecte au Wi-Fi, bien sûr. Et surtout on décompresse au calme après toutes ces aventures depuis le lac Balaton et une aviation civile slovène disons peu arrangeante.















 

L'instructeur nous prend dans sa Jaguar pour nous déposer au Sport hôtel de Postojna. Après nous avoir demandé d'où nous venions, où nous allions, comment se passait le voyage... Patrice lui demande :
« ...Et toi ? Tu pilotes quoi ? »
« Moi, je suis instructeur planeur mais je n'ai pas trop le temps de m'en occuper à cause de mon métier. Je suis pilote hélico... dans la police. »
« Glp.... Euh... Ah... Great job... » (séquence émotion contenue de Patrice et Alain, en pensant au refus de notre plan de vol ULM à Balaton, etc).

Une fois à l'hôtel, nous nous trouvons un resto pas loin.

A peine installés, un policier entre et se dirige droit vers nous, regardant fixement Patrice. Aïe...
et... il s'en va discuter à la table voisine... Pfiouuuu, on se fait des films maintenant !

On va se coucher sans traîner...

2h50 de vol. 240km. 1 champ. 2 policiers.

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